de la revue 'l'Illustration' No. 3881, 21 juillet 1917
'le Général Broussilof'
par Ludovic H. Grondijs
journalist néerlandais

Lettre de Notre Correspondant au Front Russe

 

Ecrit au milieu de juin, quinze jours avant la vigoureuse offensive russe de Galicie, cet article montre comment elle a été voulue et préparée par le nouveau commandant en chef, dont M. Ludovic Grondijs trace un portrait à certains égards révélateur.

 

Kamenetz-Podolsk, juin 1917

On m'apprend à mon arrivée que le général Broussilof vient d'être nommé commandant en chef des armées russes en campagne. La nouvelle ne me surprend pas. Quand, il y a trois semaines, le commandant du front Sud-Ouest vint en visite à la Stavka, on savait déjà qu'il était l'enfant chéri du Gouvernement provisoire. Ayant appris que je me trouvais là, il m'avait invité à prendre chez lui le thé du soir. Nous causâmes longuement. Les étrangers à la Stavka, les missions et les Eusses eux- mêmes avaient l'impression qu'il était impossible de songer à des opérations militaires. Et nous étions tous profondément attristés à la pensée que l'inactivité de l'armée russe permettait aux Allemands de remplacer par les divisions fraîches du front oriental celles que les batailles de France avaient usées, et qui pouvaient ainsi venir tranquillement se reposer en Russie. La Révolution serait donc payée avec le sang des Alliés. Alexeief avait prononcé des paroles pleines de prudence. Ceux qui s'étaient opposés au nouveau régime désespéraient de pouvoir tenter quoi que ce soit, avec des soldats qui leur échappaient de plus en jilus. Des généraux célèbres avaient dû quitter les unités qu'ils avaient longtemps conduites avec gloire. Le ton que les soldats prenaient vis- à-vis des chefs, l'influence grandissante des théories anarchistes avaient exaspéré certains commandants d'armée et de groupes d'armées, dont plus d'un appartenait à la caste des grands seigneurs. Ils avaient pris des mesures inspirées par leur conception personnelle du devoir, mais ils avaient dû presque toujours les rapporter en présence de l'attitude subitement menaçante des garnisons, nerveuses, méfiantes, et qu'un mot aurait suffi à pousser aux extrêmes.

Plus souple et plus indulgente avait été l'attitude de Broussilof, au point que certains étaient prêts à lui reprocher d'avoir mis en péril la discipline et l'existence même de ses armées. Je me permis moi-même de lui faire observer que sans doute l'armée russe, en restant simplement dans ses positions, obligerait l'ennemi à maintenir des forces importantes sur le front oriental, mais que ce serait malheureusement là l'effort maximum qu'elle pourrait fournir dans les circonstances actuelles.

— Non pas, me répondit Broussilof, il nous faut absolument attaquer!

Et, en constatant ma surprise:

— Les Allemands ont retiré de notre front plus de divisions fraîches qu'ils n'ont ramené du front français d'unités épuisées. Il faut rendre de telles manœuvres impossibles dans l'avenir. J'ai tout fait pour garder une influence sur mes troupes et sur leur entourage. Je reçois chaque jour des députations de soldats. Quelques-unes n'ont pas manqué de pittoresque, celle des pompiers, par exemple, d'aspect peu martial, malgré leur casque de cuivre, et une cohorte de 6.000 juifs! Cette tâche m'a un peu fatigué, mais je crois avoir pleinement réussi. Les troupes marcheront à l'heure que je fixerai.

Après un long entretien, qui se prolongea dans la nuit, le général Broussilof m'invita à venir assister aux opérations. J'acceptai avec empressement...

Et maintenant que le grand chef va quitter son groupe d'armées, me voici rempli d'inquiétude. Dans une audience que j'obtiens immédiatement de lui, je lui exprime ma joie de le voir nommé à un poste auquel ses grands succès militaires et sa renommée, tant en Russie qu'à l'étranger, lui créaient de si beaux titres. J'ajoute cependant que je suis tenté de regretter sa nomination en songeant à l'énorme distance qui sépare la Stavka du front. Ne lui sera-t-il pas impossible désormais de se rendre parmi ses troupes, dont il possède la confiance et dont il pourrait seul ranimer le courage, au moindre signe de défaillance?

— En effet, répond Broussilof, je serai beaucoup plus éloigné du front Sud-Ouest, que je connais bien, et sur les armées duquel j'ai une influence personnelle. Mais, en revanche, je me rapproche des autres fronts. Il ne faut pas que dans un prochain avenir l'offensive reste limitée à un seul secteur. Nos alliés ont déjà compris que c'était une faute de concentrer les attaques sur une partie trop restreinte des lignes adverses. Il faut que nous attaquions sur notre front tout entier. Ce sera le seul moyen d'en finir avec des gens qui étaient déjà les ennemis de la Russie sous l'ancien régime, mais qui le sont devenus bien davantage sous le nouveau.

Mes premières impressions sur le nouveau commandant en chef des armées russes datent de septembre 1915. Il commandait alors la VIII-ieme armée. L'avance en Galicie, à laquelle son armée avait contribué pour une si grande part, venait d'être presque complètement annulée par une retraite forcée, qu'on savait très bien conduite, et qui était enfin arrêtée.

Dans des opérations d'aussi grande envergure que ce flux et ce reflux d'un million d'hommes à travers tout un pays ennemi, l'imagination populaire cherche, derrière l'autorité du stratège en chef, d'autres noms et d'autres initiatives pour expliquer l'étendue de tels succès. De la gloire collective qui enveloppait les armées du vieil Iwanof, la renommée personnelle de Broussilof commençait déjà à surgir.

Rovno, petite ville du gouvernement de Volhynie, était sa résidence. Il me reçut dans son train qu'il habitait continuellement. Son visage me frappa tout de suite par la vivacité caractéristique des yeux et par une expression de bonté malicieuse qui trahissait le grand seigneur et l'homme d'esprit.

Lorsque je séjournais à Rovno, entre mes voyages répétés dans les régiments, je prenais tous mes repas avec lui et une huitaine de convives, parmi lesquels le chef d'état-major — le général Soukhom-line — quelques autres généraux et deux ou trois familiers dont il s'entourait.

Il dominait aisément les conversations, toujours très libres et très gaies, et qu'il aimait à poursuivre longtemps après le dessert. Il supportait les critiques, admettait qu'on le contredît, et encourageait les répliques. Il aimait, d'autre part, à exercer son esprit sur un des convives. Le général P... servit quelque temps de cible à ses railleries spirituelles et sans méchanceté, qui amusaient tous les convives, tant ce vieil officier s'y prêtait de bonne grâce. Son neveu, le distingué jurisconsulte P..., a, depuis, recueilli avec une parfaite bonne humeur l'héritage de ce rôle délicat.

La voix de Broussilof prend volontiers une intonation moqueuse qu'il atténue en articulant les mots avec netteté. Il est certainement, parmi tous les hommes de mérite que j'ai rencontrés en Russie, l'esprit le plus clair, je dirais presque « le plus européen », si je ne craignais de méconnaître ce qu'il y a en lui de si profondément russe, et de calomnier son patriotisme.

Il possède une sorte de génie naturel qui lui donne de grandes facilités de réalisation. Il travaille beaucoup, mais son labeur ne l'absorbe jamais complètement. Au milieu des opérations les plus ardues, il trouve toujours le temps de s'occuper de ses amis et de ses hôtes. J'ai toujours eu l'impression que chez lui le jugement, extrêmement rapide et précis, économisait le travail et qu'il pouvait exécuter en une heure ce qu'un autre mettrait une demi-journée à accomplir.

Chaque jour, par le beau ou le mauvais temps, été ou hiver, il monte à cheval de 5 à 7 heures du soir. Il se choisit un point à l'horizon et s'y dirige, comme font les vrais cavaliers, par-dessus monts et vallées. Sa taille de guêpe et son port de tête gracieux et aisé font de lui un fort élégant cavalier.

Ce qui demeure étonnant dans la carrière de Brous-silof, c'est la facilité et l'aisance avec lesquelles il est lentement arrivé, sans heurts ni chutes, au poste pour lequel il est né. Sous l'ancien régime, les traditions et les amitiés avaient une influence capitale sur la carrière d'un homme. Or il manquait à Broussilof une qualité indispensable aux promotions rapides: il était le seul chef russe ne sortant pas de l'Académie du grand état-major. Comme dans toutes les autres armées, le brevet de la principale école militaire donne ici des garanties sérieuses, mais qu'on est entraîné parfois à exagérer. Il a fallu à Broussilof des qualités de tout premier ordre, comme stratège, meneur d'hommes, travailleur érudit et comme... diplomate, pour briser les résistances qui entravent tout naturellement la carrière trop éclatante d'un indépendant. Mais ce lutteur a rencontré très tôt dans sa vie un précieux compagnon d'armes, fier et exigeant, méprisant les faibles, souriant aux forts, et qui lui est restée fidèle pendant toute sa vie: le succès.

Broussilof appartient à une vieille famille aristocratique de l'Ukraine. Il descend directement d'un Broussilof qui, au dix-septième siècle, alors que cette province appartenait à la Pologne, en fut le grand palatin. Le général conserve encore le grand sceau dont son ancêtre revêtait ses décrets. Le village Broussilof, dans le gouvernement de Kief, a été pendant des siècles le siège de sa famille.

Il est personnellement animé de l'esprit le plus démocratique et on assure qu'il a toujours accordé au seul mérite ses préférences et ses faveurs.

Il a conquis de bonne heure l'estime du grand-duc Nicolas Nicolaïévitch, qui appréciait ses dons militaires et sa virtuosité de cavalier. Cette amitié ne l'a jamais abandonné; elle l'a encouragé à continuer toute sa vie de sérieuses études techniques. Chaque année il faisait des voyages de quatre mois dans les pays étrangers, où, investi de missions officielles, il étudiait l'organisation des diverses armées européennes.

Au commencement de la guerre, il était commandant du 12-ieme corps d'armée. Le grand- duc l'appela au poste de chef de la VIIIe armée qu'il occupa brillamment jusqu'au commencement de l'année 1916, où il succéda au général Iwanof, pour conduire ensuite cette splendide avance du mois de mai, pendant laquelle 406.000 prisonniers tombèrent entre ses mains. Par ce succès, Broussilof s'est élevé définitivement au rang des grands stratèges. La coïncidence de ces opérations, avec les mois les plus glorieux de la bataille de Verdun, a uni son nom à ceux, impérissables, des grands chefs qui s'illustrèrent au même moment sur le front français.

Broussilof indique aux généraux qui sont sous ses ordres les grandes lignes des opérations. Il en fixe les dates. Il dispose impitoyablement des réserves, et j'ai vu maintes fois des commandants de corps d'armée au désespoir parce que Broussilof envoyait d'un trait de plume leurs plus précieuses troupes dans un autre corps, les distribuant dans d'autres divisions. On se récriait, on suppliait, mais Broussilof tenait ferme et, tout en autorisant les discussions, exigeait une obéissance absolue pendant l'action.

Par contre, il respectait avec un grand scrupule les responsabilités nettement définies de ses inférieurs. Avant les opérations il se rendait sur les lieux et discutait avec les généraux sur la disposition des troupes, le choix de l'emplacement des batteries, etc., en donnant ses opinions sous forme de simples conseils, tant que ces détails ne touchaient pas aux lignes générales qu'il avait tracées.

On m'a toujours assuré, dans les états-majors des corps d'armée, que c'est un plaisir de travailler avec cet homme si redouté de ses inférieurs. Il apporte une parfaite courtoisie dans ses observations dès qu'il rencontre de la bonne volonté et de l'ardeur au travail.

Toutefois, il né pardonne pas facilement les défaillances et l'absence d'énergie, et il a toujours puni avec la plus grande rigueur les fautes contre la discipline. Si la culpabilité est démontrée, il applique toujours la peine la plus sévère. Je me rappelle un exemple de sa justice inexorable pendant mou séjour à Rovno, on octobre 1915. Huit cosaques étaient entrés chez trois femmes, les avaient violentées, et avaient pillé et ravagé leur maison. Ces cosaques ont été fusillés sans miséricorde. On me dit que tous les crimes de viol, pendant l'avance en Galicie, ont été punis par Broussilof de la peine de mort.

 

La Révolution n'a pu changer les opinions d'un homme aussi averti que Broussilof. Mais il avait toujours penché vers les conceptions démocratiques, et les catastrophes qu'il a prédites ne l'ont pas pris au dépourvu.

Vivant continuellement dans la zone des armées et en face des grands problèmes de la guerre, son cœur battait au même rythme que celui de la nation. Il avait souvent essayé d'éclairer les hommes d'Etat et la cour, et de les orienter vers des changements sociaux et politiques, qu'il savait justes et inévitables.

Il a écrit à plusieurs reprises des lettres à Stur-mer et à Protopopof. La question polonaise l'a toujours intéressé au plus haut point. Au milieu de 1916 il a exercé une pression sur Stunner pour le dérider à trancher la question polonaise avant les Allemands. Après la réponse de Sturmer: « Ce n'est pas le moment maintenant! » Broussilof a été inabordable pendant deux jours.

En octobre 1916, il p'ria le grand-duc Nicolas Michaïlowitch et, en novembre, le grand- duc' Michel Alexandrovitch, frère du tsar, de transmettre à l'empereur sa conviction qu'il ne devait plus tarder à

Il a écrit à plusieurs reprises des lettres à stur-mer et à Protopopof. La question polonaise l'a toujours intéressé au plus haut point. Au milieu de 1916 il a exercé une pression sur Sturmer pour le déeider à trancher la question polonaise avant les Allemands. Après la réponse de Sturmer: « Ce n'est pas le moment maintenant! » Broussilof a été inabordable pendant deux jours.

En octobre 1916, il pria le grand-duc Nicolas Michaïlowitch et, en novembre, le grand- duc Michel Alexandrovitch, frère du tsar, de transmettre à l'empereur sa conviction qu'il ne devait plus tarder à exaucer le vœu du pays en lui accordant un gouvernement responsable. Mais le tsar lui fit répondre par les mêmes voies: « J'estime beaucoup le général Broussilof comme militaire. Mais je doute fort qu'il soit bon politique. Ce n'est pas son métier! »

Longtemps avant la Révolution, il évitait déjà de parler de l'empereur dans les conversations privées. Dans l'intimité, il le déclarait mal entouré et lui reprochait de se laisser influencer par des traîtres ou des incapables.

Dès que la Révolution, pendant deux jours incertaine, s'orienta nettement vers le changement de dynastie, Rodzianko envoya dire à Broussilof qu'on reprochait au tsar « de ne pas aimer la Russie, sa patrie, et de mépriser son peuple, auquel il avait refusé les droits de la liberté et tous les bienfaits de la civilisation ». Quand il eut entendu ces paroles, Broussilof, qui était aide de camp de l'empereur, se mit a sangloter: il avait compris que le régime était irrévocablement perdu.

Il se décida, pendant la nuit du 27 au 28 février, à soutenir ouvertement les idées pour lesquelles il avait si longtemps lutté par la persuasion. Il essaya pour la dernière fois d'exercer une pression sur le tsar, qui ne l'écouta pas plus qu'auparavant.

Après l'abdication de l'empereur, le 4 mars, il permit immédiatement d'arborer le drapeau rouge. Les rapports qui commençaient à arriver de Petrograd lui prouvèrent que le mouvement révolutionnaire ne se limitait pas à un changement superficiel de gouvernement, mais s'étendait à tous les domaines de la vie sociale, intellectuelle et religieuse. Les esprits les plus faussés s'emparaient de la classe ouvrière et de l'armée. Il s'agissait d'empêcher, en les devançant, leur œuvre destructrice.

Le 10 mars, le général Broussilof se montra pour la première fois en publie avec la cocarde rouge sur l'uniforme. Il recevait les députations, qui affluaient de tous les côtés, députations de soldats, d'ouvriers, de paysans, de juifs, de milliers de gens qui voulaient apprendre de la bouche même du grand chef que le nouveau régime conciliait sans résistance les aspirations du peuple et les sympathies des chefs.

 

L'attitude de Broussilof a été critiquée par un grand nombre d'officiers, et beaucoup de ses admirateurs semblent douter qu'il ait toujours choisi les meilleurs remèdes aux maux dont l'armée était atteinte ou menacée. Quelques-uns même — parmi ceux qui ont approuvé ses efforts pour atténuer une défiance bien naturelle,, envers les chefs liés par leurs serments à l'homme dont la destinée se séparait de celle du peuple — lui font grief d'être tombé dans un autre extrême et d'avoir affaibji dangereusement la discipline dans les rangs.

Je ne puis pas partager cette opinion. Je crois, au contraire, que son génie militaire et sa souple et clairvoyante diplomatie ont montré à ce merveilleux cavalier la nécessité absolue de lâcher pour quelques minutes la bride de sa monture, subitement effrayée. Il n'était pas homme à perdre ou trahir en quatre jours les convictions de toute une vie pleine de gloire, mais'il a su las subordonner à des intérêts supérieurs. Il fut militaire et patriote avant tout.

Les passions et les méfiances traversent les nations comme des souffles d'ouragan. Il faut plier, et rester intact, pour pouvoir se redresser après. En laissant l'armée faire une consommation immodérée de cocardes et de discours, Broussilof a semblé peut-être sanctionner pour un moment un affaiblissement de la discipline, mais les règlements n'ont pas été abolis. On s'est courbé devant des nécessités impérieuses, on a suspendu l'exécution des décrets disciplinaires, avec l'intention de les remettre en action quand le moment propice serait venu.

La propagande révolutionnaire dans l'armée avait su établir une habile confusion entre la discipline militaire et l'oppression sociale. Des gens cruellement persécutés sous l'ancien régime, des étudiants révolutionnaires, des juifs, les fanatiques anarchistes, essayèrent d'obscurcir chez les soldats la notion de l'obéissance, pour en faire leurs instruments. En semant chez ces simples la suspicion à l'égard de la sincérité politique de leurs chefs, ils encourageaient en même temps les tendances du soldat russe à l'insubordination et à la paresse.

Broussilof a étouffé dans ses années toutes les tentatives de ce genre. Quand, aux premiers jours du nouveau régime, un soldat répondit au salut que le chef lui avait adressé: « Bonjour, mon vaillant! » par l'ancienne formule: « Je vous souhaite la santé, Votre Excellence! », il le réprimanda: « Non, mon ami. Comment! vous ne savez pas exécuter les ordres qu'on vous donne. Dites: Bonjour, monsieur le général! »

Par cette attitude très apportune, il sut amortir le premier choc de la vague révolutionnaire contre ses années, et si maintenant quelques généraux peuvent prendre une attitude sévère en présence de défaillances dans les rangs, s'ils trouvent des soldats pour maintenir l'ordre chez leurs camarades et pour faire respecter leur volonté même par la force, ils le doivent sans doute entièrement à Broussilof, qui a su, pendant les semaines critiques, retenir des hommes prêts à se disperser, et maintenir la cohésion et la confiance dans l'armée.

Avec Kerensky, dont le portrait a, dans toutes les maisons russes, remplacé celui du tsar, Broussilof, parfaitement déterminé à continuer la guerre, domine la nation de toute sa hauteur dans une des époques, si rares, où les forces anonymes de l'histoire s'inclinent au passage d'un homme.

Ludovic H. Grondijs

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