Panorama de l'Yser
A Panoramic Painting by Alfred Bastien
(1873-1955)

a Belgian Artist on the Yser Front

Cover drawing of a booklet of postcards containing the 'Panorama of the Yser' in 8 parts

Postcards of details of the Panorama

left : endorsements
right : Alfred Bastien at work on the Panorama

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de la revue 'le Courrier de l'Armée' No. 744, 6 mars 1921

'Le Panorama de l'Yser'

 

Au cours de la guerre, nos jass furent très souvent intrigués de rencontrer dans les caves de sardineries à Nieuport tout un atelier de peinture.

Tous ces croquis viennent de sortir des cartons, et Alfred Bastien, aidé de trois peintres volontaires de guerre, achève le « Panorama de l'Yser », œuvre à laquelle depuis plus de neuf mois il consacre tout son talent, toute son âme d'artiste et tout son cœur de soldat.

Sur une vaste toile de 115 mètres de pourtour et de 14 mètres de hauteur, se déroulent les émouvants paysages de notre Flandre meurtrie, où notre vaillante jrmée, composée d'une poignée de soldats en haillons, résista presque seule aux assauts répétés de l'armée allemande.

D'un côté de la toile, le ciel est assombri par la fumée des incendies et des éclatements d'obus: C'est Dixmude, c'est Ypres.

De l'autre côté, c'est le ciel tel qu'il était en novembre 1914, ciel bas, encombré de lourds nuages chargés de pluie, entre lesquels filtrait encore un pâle rayon de soleil d'automne.

La côte y déroule les dentelures jaunâtres de ses dunes entre lesquelles apparaît l'immensité bleue de la mer.

A perte de vue s'étendent les Polders, prairies vertes encore, grands arbres tordus, humbles maisonnettes à toits roages et pignons blancs; c'est le calme et pourtant près des écluses la batailla fait rage. Des renforts suivent la route de Lombartzyde, des canons crachent la mort.

Dans les ruines, une voiture d'ambulance est bloquée, ses chevaux gisent dans une mare de sang. A l'abri des dunes, un poste de secours, un convoi de prisonniers dont la tenue griss contraste étrangement i avec les burnous blancs et les chéchias rouges des spahis et des Sénégalais qui les escortent.

Une parcelle de terrain détrempé, quelques ruines, voilà la Grand'Place d'Ypres. Les Halles sont en feu; d'énormes gerbes de flammes se tordent dans l'indigo du ciel, le pavé est ruisselant de pluie.

A l'abri des maisons, un groupe de civils hésitent encore à fuir; parmi eux des blessés, des sœurs à cornettes blanches. Plus loin « deux grands bœufs blancs marqués de roux » flairent le cadavre du maître, qui gît le Iront ensanglanté.

Un convoi d'artillerie anglaise traverse calmement ce paysage dantesque.

Le ciel devient plus tragique encore, le sol plus détrempé; c'est Dixmude qui agonise au loin. Les dernières troupes belges traversent une passerelle jetée au pied de la minoterie. Avec nos lignards, les marins de Ronarc'h prennent position dans les tranchées, le long de l'Yser. Pauvres tranchées, hâtivement construites au moyen de sacs, de meubles, de pavés; qu'importe, c'est plus qu'il n'en fallut à ces héros pour vaincre et pour mourir.

 

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