de la revue 'l'Illustration' no. 3808 de 26 fevrier 1916
'l'Ambulance de Vivières'
par Henry Bataille

Le Secours de Guerre

 

Située aux confins de la forêt de Villers-Cotterets et des vallées qui conduisent à Soissons, ma propriété de Vivières a été le témoin d'un tragique combat. Au début de septembre 1914 elle fut occupée par les Allemands qui y installèrent un parc d'avions. Un escadron de chasseurs français, perdu dans les lignes ennemies et voulant mourir en beauté, se précipita nuitamment sur ce parc d'avions, le 9 septembre. Ce fut une hécatombe complète. Les derniers survivants français blessés, ramassés sur le champ de bataille, lurent soignés dans le salon de la maison par l'ambulance allemande. Le lieutenant qui les avait conduits au sacrifice, M. de Gironde, expira dès la première nuit et fut enterré dans mon jardin avec deux de ses camarades. Les autres sont au cimetière du village. Un communiqué officiel a donné les détails du combat nocturne.

On trouvera plus loin les quelques lignes qu'un des blessés a écrites pour me retracer les phases du drame: très simples, sans fausse éloquence, elles ont leur intérêt.

J'avais fui quelques jours auparavant, presque sous les obus, au moment où on allait évacuer Vivières et où les Anglais plaçaient les canons à la lisière de la forêt. Le départ fut bien émouvant et lugubre, comme on s'en doute! C'était l'époque où les journaux de Paris dissimulaient encore que Saint-Cuentin était pris. Nous autres, nous étions au courant de l'invasion. Heure par heure, le canon se rapprochait, amplifiait son bruit... L'émigration commençait... Partout la désolation! l'angoisse tendue, crispée...

Dans le recueil de poèmes qui va paraître sous le titre « LA DIVINE TRAGÉDIE », j'ai placé un récit de ce départ, tel que je le griffonnais quelques jours après, en une petite ville de Normandie où je m'étais réfugié.

 

Un mois plus tard, première lettre reçue. Elle est d'un soldat: « Nous venons de déloger les Allemands de votre château à coups de fusil et de baïonnette. Je suis entré dans votre salle à manger; sur la table, il y avait encore une jambe et un bras coupés. Je les ai pris et je les ai enterrés dans un coin du parc. Votre jardinier vous montrera la place... Quatre tombes de Boches ornent le tour de votre pièce d'eau... une trentaine de morts. »... Peu de temps après une autre lettre, d'un blessé: « Je me suis réveillé nu, et opéré dans votre salon, dégarni de tous meubles. Je suis tombé avec mon capitaine en chargeant la nuit sur un parc d'aviation allemand, presque sous les terrasses de votre château. Nous étions perdus dans les lignes allemandes. Nous avons voulu en sortir bravement ou mourir... Nous nous sommes précipités sur les avions de Vivières; mais quelques-uns à peine ont pu en réchapper... J'ai eu le sein gauche emporté et le bras traversé. Mon biceps est descendu dans mon avant-bras. Après le combat, un major allemand passait sur le champ de bataille avec un sous-officier armé d'un revolver. Après un examen, rapide, je n'ai pas besoin de le dire (cela se passait de r.uit à la clarté d'un falot), le major distinguait les blessés peu atteints que des brancardiers enlevaient aussitôt; et les blessés graves, le sous-officier les achevait d'un coup de revolver... Heureusement, je repris connaissance avant que ce fût mon tour. Et je vous le dis, je me suis réveillé dans votre salon... »

Quelques jours après, je recevais confirmation des événements par mon jardinier réintégré à son poste et par le récit officiel de la bataille de Vivières dans les journaux. « Nos pertes ont été nombreuses. Sur les trois pelotons engagés, dix hommes seulement s'en sont tirés indemnes. » En réalité, voici ce qui s'était passé. Les troupes franco-anglaises avaient occupé le château. Trois obus allemands frôlèrent le toit de la maison du jardinier et allèrent s'écraser dans la roseraie. Ils ont pulvérisé deux beaux arbres centenaires. Puis les troupes battirent en retraite à travers la forêt de Villers-Cotterets. Les Allemands s'emparèrent de Vivières. Ils installèrent au château une de ces admirables ambulances allemandes du début, flambant neuf, avec ses 40.000 francs d'appareils. Peu après, les habitants de Vivières qui s'étaient enfuis à travers les bois, après avoir demandé l'autorisation de réintégrer leurs maisons à la kommandantur de Villers-Cotterets, débouchèrent dans le village. Il ne leur fut fait aucun mal.

Les officiers allemands du château acceptèrent que la femme de mon jardinier reprît possession de sa petite maison, à la condition qu'elle lavât le linge des blessés. Le commandant lui dit: « Nous avons bien trouvé dans la cave les 2.000 litres d'essence que M. Bataille y a laissés, mais nous n'avons pas trouvé de vin; où est-il caché? » Sur l'affirmation que je ne buvais pas de vin, le commandant déclara que « pour un littérateur-, c'était impossible! » Il chargea les prisonniers anglais de vider la fosse d'aisances où vraisemblablement il pensait que les bouteilles étaient cachées. Les prisonniers s'exécutèrent; après quoi on vida les bassins... Par la suite, quand des blessés français expiraient, on les alignait dehors, sur le perron du château, — et la femme du jardiner venait soigneusement relever les renseignements, examiner les médailles d'identité. Les débris humains des opérations, transportés dans de vieux vases italiens, débordant le mois précédent de géraniums et de gaies capucines, étaient brûlés avec le fumier, dans la cour d'entrée... Pendant quelques jours, la femme du jardinier put converser avec les soldats et les officiers et les blessés. Le major lui confia entre autres choses: « M. Bataille a de la chance d'être tombé sur nous; nous ne sommes pas des barbares et vous lui spécifierez bien quand vous le reverrez que nous n'avons touché à quoi que ce soit. Je tiens à vous le faire constater. » Il savait parfaitement chez qui il s'était installé; il parlait avec éloge de mes œuvres. On sentait que tous les renseignements étaient fournis de longue date. Ma demeure faisait partie du plan de l'occupation et, il faut bien l'avouer, ils se comportèrent comme ils l'avaient annoncé. Ils ajoutèrent même ce grain de sentimentalisme allemand que l'on connaît et, au milieu des soucis de l'ambulance, des opérations chirurgicales, de l'enterrement des morts dans mon parc, ils surent le soin de donner à manger tous les matins dans la cour de la maison aux 50 pigeons blancs dont ils ne tuèrent pas un seul! Ils n'égorgèrent pas les cygnes et, lorsqu'ils partirent quelques jours après, ils eurent le soin d'ouvrir la volière à quelques colombes poignardées (on appelle ainsi ces colombes symboliques et plus symboliques encore à l'heure actuelle qui ont à la gorge une grande blessure rouge, un stigmate ineffaçable) pour que les petites bêtes ne mourussent pas de faim!

Ils étaient là depuis peu de jours lorsqu'une nuit éclata à quelques pas du château une fusillade terrible. Des fusées de toutes les couleurs sillonnaient l'air; des signaux, des projecteurs... Les officiers, le personnel, le jardinier, tout le monde sur la terrasse regardait et écoutait le spectacle. C'était le combat qu'entreprenait bravement et inutilement, pour le suprême sacrifice, cet escadron de chasseurs, perdu dans les lignes allemandes, en se précipitant sur le parc d'avions qu'on avait installé là pour qu'il se ravitaillât plus facilement de l'essence trouvée dans mes caves. Douloureux enchaînement des circonstances! hasard de la vie! Si le régisseur avait eu la présence d'esprit de vider cette essence avant l'arrivée des troupes allemandes, la bataille n'aurait peut-être pas eu lieu et que de braves gens seraient peut-être en vie!...

Un blessé répondant au nom de Gruel qui, tombé dans cette attaque avec ses chefs et ses camarades, a été soigné dans ma maison, m'a adressé le récit circonstancié de cette attaque dirigée par le lieutenant de Gironde. J'en détache les passages suivants:

« Dans le champ de betteraves, blessés, au milieu des morts, nous sommes peut- être restés là toute la nuit: à l'aurore, une voiture d'ambulance à deux chevaux emportait les blessés par quatre à l'hôpital de Vivières. Je suis placé sur un brancard à l'étage inférieur de la voiture, à côté de moi mon camarade Dudit; puis, à l'étage au-dessus, également sur un brancard, je vois M. de Gironde, la face blême. Nous avions chacun été munis d'une étiquette attachée à un bouton de la tunique, une de ces étiquettes comme on s'en sert dans les gares pour enregistrer les bicyclettes et sur laquelle était inscrit le genre de blessure. Celle de M. de Gironde pend sur le côté et je lis ce seul mot: « Mort »... S'il se ranime, il lira l’inscription /...

» Nous sommes partis, la voiture roule au pas, sans cahots. Dudit gémit toujours, les yeux fermés et pâle comme un mort. Je regarde à nouveau M. de Gironde, il ne peut être mort, je vois nettement sa poitrine qui se soulève régulièrement. Notre voyage ne dure pas très longtemps: la voiture s'arrête Ce doit être le château de l'endroit.

» Enfin, on me monte et je suis déposé dans une grande pièce qui a dû être le salon, près de la porte du cabinet de travail, sur une paillasse. Près de moi, à côté l'un de l'autre, au pied de la cheminée, M. de Gironde. La salle est pleine de blessés. L'hôpital est dirigé par trois médecins, dont l'un, le médecin-chef, le gros, rubicond, sanglé dans son dolman et sa culotte qui en claquent, se promène constamment, les lunettes à gros verres tout ronds sur le nez, les mains dans les poches et un énorme cigare au bec; c'est le type achevé de la brute épaisse, le pur sang teuton, un peu effrayant par son air hautain et dédaigneux. Pas de danger qu'il nous adresse la parole; les deux aides, tout jeunes, sont presque aimables: toujours les lunettes rondes; c'est sans doute l'art qui l'exige, en bras de chemise et relevés jusqu'au coude, la tête presque entièrement rasée à l'allemande.

» Pour notre salle et le cabinet à côté, il y a trois infirmiers et un caporal infirmier; ce dernier bon garçon; j'ai eu la veine de gagner sa bonne grâ e, car je lui ai adressé la parole en allemand et il en est tout fier. C'est un homme âgé: une barbe épaisse encadre son visage et ses cheveux giisonnants.

» Il pouvait être 9 h. 30 quand nous étions arrivés; on m'avait mis une bonne couverture de laine sur le dos et je commençais à me réchauffer un peu.

» 10 septembre. — Dans le courant de l'après-midi, un des deux jeunes mi-jors vient à moi et nous nous entretenons en allemand: il parle très peu français. Il me dit que l'on va bientôt me panser. Je lui demande alors de voir M. de Gironde qui respire difficilement, il est toujours dans le coma. Il l'examine, revient à moi et me dit qu'une balle l'a traversé de part en part à hauteur du sternum, il est perdu. Vers 4 heures, M. de Gironde est sorti de sa torpeur, il a ouvert les yeux, il semble vouloir parler, mais on ne comprend pas: par signes, il montre la fenêtre, je la fais^ouvrir. Dehors, il fait beau, le soleil luit: il ne pleut plus et, au loin, on entend le canon. Tout à coup, deux femmes entrent dans la salle, ce sont les seules personnes du château qui n'aient pas fui à l'approche des Allemands: la femme du jardinier et sa sœur. Ayant appris, je ne sais comment, qu'il y avait des blessés français à l'hôpital, elles sont accourues: en les voyant apparaître, la joie de retrouver des compatriotes me monte au cœur, ce sont des Parisiennes et je suis de suite baptisé « le petit Parisien » quand je leur ai dit que j'habite Paris. Elles s'empressent autour de nous, elles n'osent toucher M. de Gironde qui est retombé dans le coma et nous enlèvent, à Dudit et à moi, nos guêtres, nos éperons et nos chaussures; cela soulage, j'ai les pieds glacés. Mais le médecin-chef entre et, les apercevant, les prie poliment de nous laisser et de rester chez elles. Vers 6 heures peut-être, à la fin de la ournée, je suis emporté sur un brancard à la salle d'opération installée dans la salle à manger, m'ont dit les femmes; en effet, les boiseries et la cheminée dénotent une salle à manger normande. Nous sommes, m'ont dit aussi les femmes, à Vivières, chez M. Henry Bataille, l'écrivain birn connu. Déposé sur la table d'opération, les médecins m'expliquent qu'ils vont m'endormir. Pourquoi de ne? Je suis pris de la peur qu'on ne me coupe le bras. « — Mais, pour que vous souffriez moins. » Sur cet argument, je me laisse faire et, en un clin d'œil, après quelques bouffées, je dormais à poings fermés.

» Il fait nuit et quelques bougies seules éclairent la salle; je souffre moins, mais éprouve des élancements au sein; quelques autres blessés se plaignent. M. de Gironde est toujours dans le coma. Vers le milieu de la nuit, me semble-t-il, il se réveille. Je soulève la tête, il a les yeux ouverts. Il demande son nom à Dudit, mais, en parlant, on sent qu'il fait un effort extrême, sa respiration est ralentie et ses phrases entrecoupées. Ses yeux rencontrent les miens et il me demande qui je suis, puis, sur ma réponse, il prononça cette dernière phrase: « Si vous retournez... là- bas... vous direz... au colonel... que » les hommes... du 23e escadron... sont des braves. » Il retombe sur son matelas; il ferme les yeux, sa respiration devient de plus en plus difficile, comme s'il avait un liquide dans les poumons. Elle faiblit, s'arrête, reprend une fois, deux fois, peut-être, puis s'arrête définitivement. C'est fini. Je suis émotionné au dernier point, c'est un brave qui vient de s'en aller. A bout de fatigue, je finis par m'endormir.

 

» 13 septembre. — Quatrième et dernière journée de captivité. Le matin, le canon s'est beaucoup rapproché. Il y a de l'effervescence parmi les infirmiers et les médecins; il a été question, à un moment donné, qu'ils partent tous avec leurs blessés et qu'ils nous laissent là. Puis le calme s'est rétabli, ils restent. Vers 2 heures, le canon tonnant toujours plus près, le caporal infirmier s'approche de moi et me dit: « Die Franzosen kommen » (les Français arrivent); je m'en doutais; mais cette nouvelle confirmée par cet Allemand me ferait bondir de joie si je le pouvais. Je prête l'oreille, ça va bien, de mieux en mieux, de plus en plus près. Les Allemands ont mis leurs tuniques et arborent d'énormes brassards. Il était 5 heures, à peu près, quand la porte de la salle s'ouvrit brusquement et, ô vision inoubliable, un lieutenant parut sur le seuil, derrière lui un sous-officier revolver au poing. Je ne puis retenir un cri de « Vive la France », et je tends ma main droite vers le nouvel arrivant. Il se précipite vers moi; je crois qu'il avait des larmes dans les yeux; il me serre la main me disant: « Courage, nous arrivons, vous êtes sauvés, car ils f... le camp? » Ce sont des chasseurs à cheval. Je lui dis tout de suite tout ce que je sais et qu'il y a d'autres Français ici. Eapidement, il parcourt l'autre salle et sort en me souhaitant bon courage. Dudit et moi nous ne nous contenons plus de joie. Les Anglais aussi rient; ils ont reconnu la culotte rouge; il n'y a que les Boches qui font une drôle de tête. Ma foi, chacun son tour! Les infirmiers et les médecins qui s'étaient cachés, je ne sa's où, reviennent l'air un peu ennuyé. J'ai dit à l'officier les soins que nous leur devions, il a dû en tenir compte, car une de ses premières questions avait été de me demander si nous n'avions pas été brutalisés. La femme du jardinier rentre à son tour avec sa sœur. Cette fois, elles vont pouvoir nous soigner à la barbe I des Boches. L'une d'elles me raconte que le peloton de chasseurs qui vient d'arriver est à la poursuite des uhlans qui se sont cachés dans le parc du château et que d'autres troupes arrivent, surtout de l'artillerie.

« Dans la soirée, un major français prenait la direction de l'hôpital. Une ère plus heureuse allait commencer... »

 

En effet, l'ambulance allemande se rendit sans difficultés. Les officiers allemands avaient été prévenus de la victoire de la Marne. Ordre sans doute leur avait été donné de déguerpir et tout le matériel de l'ambulance avait été placé dans les caisses. Au dernier moment, le commandant se ravisa: il fit rouvrir les caisses et remettre tout en état. Il avait décidé qu'il était préférable de se rendre à l'ennemi. Un jeune lieutenant expliqua en mauvais français à la femme de mon jardinier le plan de l'état-major; il désignait au loin les carrières de l'Aisne et, avec de grands gestes, expliquait: « Nous allons nous ranger là et puis nous tomberons sur les Français. » En attendant de tomber sur les Français, ils se rendirent non sans satisfaction aux quelques soldats qui venaient d'envahir Vivières.

Depuis lors ma propriété est devenue et est restée ambulance française. Voici dix- sept mois que le sang continue de couler, les gémissements de se faire entendre, le courage de se raidir entre ces murs faits pour le silence, l'intimité et la méditation... Quand, après l'orage tragique, il me fut donné de revoir ces lieux chers, je m'approchai tout de suite des tombes allemandes qui bordent la pièce d'eau. J'éprouvai quelque étonnement de les voir fleuries et soigneusement décorées avec les plantes du jardin. Un blessé claudicant me renseigna immédiatement: « Nous savons, me dit-il, que souvent ils le font pour les nôtres. Ici, nous leur rendrons la pareille! » Ainsi encore le brave pioupiou français venait, dans la simplicité de son cœur et sans aucune affectation, de me donner une leçon d'humanité. Avec émotion, je me recueillis et je lormai intérieurement le vœu de respecter plus tard la pensée de « mes blessés ». Le soir venu, de retour dans cette grande ruche de Paris et comme si un rêve venait de s'achever, j'écrivis ces vers, qui forment le pendant de ceux que quelques mois auparavant je griffonnais dans la douleur de l'adieu...

Combien de demeures, ainsi bâties ou conservées pour n'abriter que la paix et les méditations du cœur, sont aujourd'hui transformées en petits temples de la douleur!... Et dans ces cimetières cadastrés, partout le sang d'Abel répandu, les souffrances inconnues et renouvelées, blotties au milieu de nos choses ruinées, à côté de ce qui subsiste encore de nous-même... O symboliques maisons de la vieille France, semblables à nos cœurs, et qui accumulez en ce moment, au bord du fleuve sanglant des tranchées, les dépouilles et les souvenirs!... Si jamais je retrouve celle- ci, y pourrai-je sourire? Ne rencontrerai-je pas le soir les fantômes et les âmes au tournant de chaque allée, à la porte de chaque chambre... Et pourtant, à l'heure où j'écris, là-bas, les primevères rassurées pointent dans le gazon, et l'anémone des forêts rit au premier soleil, sans que leur solitude se soucie de l'immense solitude humaine.

Henry Bataille

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