de la Revue 'l'Illustration' no. 3811 de 18 mars 1916
'Le Nouveau «Bulletin des Armées»'

La Revue est une Arme de Combat

 

Encore que le Bulletin des Armées de la République occupe, parmi les journaux français, au point de vue du tirage, l'une des dix ou douze premières places, il est peu connu du grand public. Il est, en effet, théoriquement, « réservé à la zone des armées ». Tous les officiers le doivent recevoir, et les soldats à raison d'un exemplaire pour dix hommes. Mais des collectionneurs passionnés ont bien su, à Paris et ailleurs, en constituer, pour leur bibliothèque, la collection complète. Les uns et les autres vont avoir, la semaine prochaine, la surprise de le voir leur apparaître sous un aspect nouveau, et revêtu de l'agréable couverture que nous reproduisons ici en facsimilé. On en a demandé le dessin à l'un des artistes les plus délicats et les plus pénétrés de la vieille tradition française qui soient actuellement: M. Bernard Naudin. On admirera le goût parfait avec lequel il a stylisé les attributs désormais légendaires de la guerre actuelle,[le casque si martial et si beau, la pelle des tranchées, la musette et le sac, et les clairons sonores qui menèrent les charges magnifiques, et les drapeaux qu'agite un vent de victoire, et les lauriers; on goûtera l'art avec lequel il rattache cette lutte de titans à la mémoire immortelle des exploits de « ceux » de l'an II et de l'épopée impériale. Le verso semble emprunté au socle même de la colonne de la Grande Armée. Cela est purement et spirituellement français.

Le Bulletin des Armées de la République entre, avec sa transformation, dans le dix- huitième mois de son existence. Son premier numéro a paru, en effet, le 15 août 1914. La rédaction en était confiée jusqu'ici aux soins dévoués et désintéressés d'excellents vieux routiers du journalisme, de vétérans de la presse, rompus à toutes les finesses du métier, et trop heureux d'apporter, sous cette forme, leur concours à la patrie, puisque aussi bien leur âge ne leur permettait pas de la servir plus activement. Et il fut d'abord quotidien. Transféré, comme la plupart des journaux parisiens, à Bordeaux, aux jours inquiets qui précédèrent la victoire de la Marne, il y connut, avec tous ses confrères, les difficultés matérielles d'exécution et d'expédition. Il devint alors bi-hebdomadaire. Les plus illustres entre les écrivains, l'Académie entière notamment, lui apportèrent leur collaboration précieuse. Il eut la primeur de la publication des fastes militaires. On peut, en feuilletant sa collection — réserve inestimable de documents précieux pour l'histoire — y voir naître « le tableau d'honneur », les listes sublimes de citations à l'ordre du jour. C'est l'extension même prise par ces tables glorieuses qui nécessite à présent sa transformation et son extension. Il paraîtra chaque semaine sur seize pages, avec des récits de guerre, un exposé de la situation diplomatique, des cartes et plans, un feuilleton — le premier sera de Tristan Bernard — une revue des journaux (des journaux de tranchées, si amusants et si divers), des articles de vulgarisation et des jeux et concours qui occuperont utilement les heures de repos des soldats. Enfin, un supplément contiendra, au fur et à mesure de leur apparition, les citations à l'ordre du jour, les archives sans prix de la vaillance, de l'héroïsme français.

 

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