de la revue ‘Lectures Pour Tous’, 20 novembre 1914
'Journal d’un Assiégé à Anvers'
par Hubert Mansion

Anvers Assiégé

le roi Albert parmi les soldats

 

Par quelles émotions ont dû passer les habitants d'Anvers, depuis le jour où cette place, réputée imprenable, devenait la citadelle de la Belgique jusqu'à celui où elle dut céder devant les horreurs du bombardement. Un de ces malheureux, qui a fait partie du dernier train emmenant les troupes belges, nous communique le journal où il a consigné le souvenir de ces heures tragiques. La simplicité de ces notes vécues en augmente encore la poignante émotion.

 

17 Août. — Ce matin les journaux annoncent une grande nouvelle: la famille royale et le gouvernement quittent Bruxelles pour s'établir à Anvers.

Dès le début des hostilités cette mesure avait été prévue, de sorte que les esprits y étaient préparés et que son exécution n'a pas provoqué trop d'émotion. Les Anversois seulement sont très fiers d'avoir le roi et la famille royale chez eux.

La physionomie de la ville a complètement changé: une animation extraordinaire règne dans les artères les plus importantes, principalement devant le palais du roi, situé Place de Meir. Ce palais, où notre cher souverain n'a jamais résidé qu'un jour — lors de sa joyeuse entrée à Anvers — va devenir son lieu de séjour habituel. Une foule compacte stationne en permanence devant les fenêtres du palais.

Tous les iours, les journaux informent la population des faits et gestes des enfants royaux: le lendemain de leur arrivée, ils ont été visiter le Jardin zoologique, un des plus beaux du monde; un autre jour, ils ont été se promener au Parc du Rossignol, situé en dehors des remparts. Pauvres petits princes!

20 Août. — Dès le début de la guerre, la garde civique a été mobilisée. Elle se compose des citoyens de chaque ville, remplissant ces deux conditions: n'avoir jamais été soldat et être à même de s'acheter un équipement complet, les armes exceptées, lesquelles sont fournies par la commune. En temps de paix, la garde civique est convoquée, dix fois par an, à des exercices de deux heures et elle est commandée par des officiers qu'elle élit elle-même. C'est dire que c'est une institution aussi paternelle que peu guerrière.

Actuellement, comme nous sommes mobilisés — car je suis garde civique — nous faisons partie de l'armée.

On a distribué à chacun de nous un imprimé nous apprenant toutes les peines terribles qu'entraînent la désobéissance, la rébellion, l'insubordination et autres Infractions à la loi martiale. Cette précaution est vraiment superflue: les gardes civiques, qui en temps ordinaire déploient des prodiges d'intelligence pour éluder le service et font preuve en toute occasion d'une mauvaise volonté remarquable, ont changé complètement depuis la guerre. Non seulement ils acceptent sans murmurer les corvées les plus ennuyeuses — même les plus inutiles — mais ils témoignent en toutes circonstances d'un entrain et d'une bonne humeur inaltérables.

La compagnie dont je fais partie a la garde d'une section de l'enceinte où se trouvent la boulangerie militaire, la pyrotechnie et l'arsenal. Le service est réglé de telle façon que deux nuits et une journée sont libres sur trois fois vingt-quatre heures. Notre dortoir est une construction en bois couverte de tôle ondulée, fournaise en plein jour et glacière la nuit.

Après quelques jours, notre vie de garde civique mobilisée s'organise: on fait connaissance, des amitiés se nouent et ce n'est pas sans regret que je songe aux bonnes heures que j'ai passées en compagnie de mes camarades.

29 Août. — Je suis de garde, devant une porte de l'Arsenal; de 10 heures du soir à 1 heure. Mon camarade et moi, nous avons épuisé tous les sujets de conversation et c'est avec satisfaction que nous voyons luire dans le lointain les baïonnettes de la garde de relais.

Soudain, dans le silence de la nuit, trois détonations formidables retentissent, très rapprochées, suivies bientôt d'autres coups plus éloignés paraissant provenir de la ville même. Qu'est-ce donc? Ces coups sont trop proches pour provenir des forts, lesquels sont distants de plusieurs kilomètres: ce sont donc les canons de l'enceinte même qui ont tiré, mais sur qui? Sur un aéroplane ou un dirigeable allemand? Oui, pas de doute: on entend le bruit d'un moteur au-dessus de la ville. Mais nous avons beau explorer le ciel, nous ne voyons rien, absolument rien, tandis que le ronflement caractéristique du moteur se perçoit très clairement.

Peu à peu ce bruit diminue, s'éloigne et cesse complètement. Je m'étends sur une paillasse où je m'endors.

A 4 heures, lorsque je m'éveille pour reprendre la garde, le capitaine nous annonce qu'un Zeppelin a lancé plusieurs bombes sur la ville et nous énumère les endroits où elles sont tombées. Dieu soit loué! Je respire: ma femme et mes enfants sont sains et saufs!

Une des bombes, destinée à une grande usine automobile, est tombée dans le jardin de mon oncle, en plein sur une. serre de raisins. J'ai été voir les dégâts: les vitres seules sont brisées; les plants sont indemnes. En ville les dégâts sont importants: il y a des morts et des blessés. Le palais du roi a été visé: les enfants royaux ne resteront pas'exposés inutilement et la reine va les conduire en Angleterre.

L'émotion parmi la population est profonde; cela se comprend.

Aussi chacun obtempère volontiers à l’ordre d'éteindre toutes les lumières dès 8 heures du soir, heure à partir de laquelle la ville est plongée dans la plus profonde obscurité, pour mieux permettre l'exploration du ciel aux nombreux projecteurs.

4 Septembre. — La nouvelle se répand en ville que Louvain est complètement détruit par les Allemands. Il n'y a guère de famille anversoise de la classe aisée dont un membre n'ait fait ses études dans cette vieille ville universitaire: la moitié des avocats du barreau d'Anvers ont obtenu leur diplôme dans les célèbres Halles qui sont devenues la proje des flammes.

Aussi la destruction de Louvain émeut ia population anversoise à un degré inimaginable: on pleure la ville anéantie, comme si c'était une seconde ville natale. On se demande avec anxiété si l'hôtel de ville — véritable joyau de l'architecture flamboyante — existe encore. On déplore l'anéantissement des nombreux tableaux des Primitifs flamands que contenait la collégiale Saint-Pierre.

La destruction systématique de Louvain et les atrocités exceptionnelles, commises sur la malheureuse population, éveillent dans le cœur des Anversois — naturellement si placides — un sentiment nouveau: celui de la haine, sentiment tellement profond qu'il faudra des siècles pour l'effacer.

12 Septembre. — Notre compagnie a changé de poste: elle garde une partie des quais de l'Escaut, ainsi que la gare du pays de Waes, tête de ligne du chemin de fer d'Anvers à Gand.

C'est un spectacle des plus animés que l'afflux des voyageurs, militaires, civils, recrues, réfugiés, le tout agrémenté de l'inspection des passeports et des papiers innombrables qu'exigent des règlements toujours nouveaux. Les cas les plus bizarres se présentent. Voici un Anversois qui a quitté la ville, il y a trois jours, avec tous ses papiers en règle: quand il revient, les règlements ayant changé, il ne peut plus rentrer.

Les Allemands ont bombardé Malines, jolie ville ouverte, située à mi-chemin entre Anvers et Bruxelles: les habitants se soda réfugiés en Flandre, seule partie du pays non-envahie, et des milliers de ces malheureux passent par notre gare en se dirigeant vers Gand.

La garde civique se révèle sous un nouvel aspect: tandis que les uns coupent du pain, d'autres distribuent des tartines, du café, du potage à des centaines d'affamés, heureux de se mettre quelque chose sous la dent.

20 Septembre. — D'une maison située tout près des remparts, j'entends tous les jours le son du canon. Une fois, c'est l'attaque de Termonde, une autre fois, le bombardement de Malines; bref, il ne se passe pas de jour sans qu'un engagement ait lieu autour de la ville.

Nos troupes viennent de faire une sortie des plus heureuses dans la direction de Louvain. La situation se présente sous un aspect tellement favorable que, dans les sphères officielles, on envisage sérieusement la possibilité de réoccuper Bruxelles. Mais un corps d'armée prussien, en marche sur la France, rebrousse chemin et vient annihiler tous ces beaux espoirs.

Les diverses péripéties du siège d'Anvers n'émeuvent en rien la population. Tout le monde est convaincu que la ville est imprenable, non seulement à cause de ses défenses formidables, constituées par une enceinte et par deux lignes de forts, mais aussi parce que l'investissement de la place est pratiquement impossible, étant donné que la première ceinture de forts a un pourtour de 120 kilomètres et qu'il faudrait une armée immense pour encercler Anvers.

25 Septembre. — Par un bel après-midi, je suis assis dans mon jardin, goûtant les délices du « dolce farniente », après une nuit de garde. Une détonation toute proche me fait sursauter, et là-bas, très haut, j'aperçois un «Taube » planant au-dessus de la ville.

A la première détonation, en succèdent plusieurs autres: ce sont nos canons qui font la chasse à l'audacieux aéroplane.

Sera-t-il atteint, ne le sera-t-il pas?

Quelle déception! Il échappe, il est hon d'atteinte! C'est grand dommage. Je me réjouissais de le voir tomber comme une masse et de contempler un Boche réduit en bouillie: le sac de Louvain m'a rendu cruel.

1er Octobre. — Le bruit se répand depuis quelques jours que plusieurs forts de la première ceinture auraient cédé.

De chez moi, j'entends la canonnade beaucoup plus distincte que précédemment. La tranquillité confiante, de la population est quelque peu ébranlée: ces fameux forts de Waclhem, de Lierre et de Duffel qui, depuis six semaines,ont arrêté tout l'effort allemand, seraient-ils vraiment tombés? C'est ce que tout le monde se demande avec anxiété.

Mais bientôt le doute n'est plus possible, la nouvelle est officielle: cinq forts de la première ligne de défense sont anéantis!

La ville n'est pas encore directement menacée, car, derrière les forts en question, coule une rivière, la Nèthe, que la grosse artillerie ennemie doit forcément franchir pour pouvoir atteindre la ville.

Tous les jours, des combats furieux se livrent sur les rives de la Nèthe: l'ennemi perd beaucoup d'hommes, mais combien de temps nos troupes pourront-elles résister à la ruée des hordes innombrables de Prussiens, appuyées par un feu d'enfer que dirigent sur nos braves petits soldats plus de deux cents bouches à feu de gros calibre, auxquelles nos forts ne peuvent opposer qu'une artillerie beaucoup moins puissante?

Heureusement on annonce l'arrivée de renforts anglais.

Lundi 5 octobre. — Quelques camarades m'informent qu'en cas de danger, notre régiment suivra l'armée dans sa retraite. Voulant en avoir le cœur net, je me rends chez mon colonel qui me répond qu'aucune décision n'est prise à cette heure.

Alors je n'hésite plus: j'embarque immédiatement ma femme et mes enfants pour Ostende; car, pour rien au monde, je n'aurais voulu les laisser derrière moi, en cas d'une retraite en corps.

Le soir, me rendant à mon poste, les camarades me demandent pourquoi j'ai l'air si allègre: je leur explique que, sachant mou trésor en sûreté, j'ai un grand poids enlevé du cœur. La suite des événements n'a fait que me confirmer dans ce sentiment.

Mardi 6 octobre. — On demande un détachement de 20 hommes pour évacuer les prisonniers d'Anvers sur Bruges. Je me présente et j'ai ainsi le plaisir de convoyer de répugnants espions allemands, baïonnette au canoniet revolver au poing.

En arrivant à Bruges, nous assistons au débarquement de nombreux soldats anglais destinés à renforcer les brigades de fusiliers marins arrivés les jours précédents à Anvers. La vue de ces superbes soldats nous enthousiasme: nous ne doutons pas que leur venue ne sauve la ville d'Anvers.

Toute la soirée, notre petit détachement de 20 hommes parcourt Bruges, acclamant les Anglais et entraînant la foule à se joindre à nos vivats. Les officiers sont portés en triomphe, tandis que les chants patriotiques jaillissent de mille poitrines.

Soirée d'espoir et d'allégresse, combien différente du lendemain!

Mercredi 7 et Jeudi 8 octobre. — Le retour à Anvers de notre escouade s'effectue difficilement. Arrivés à Gand, nous lisons une proclamation du gouverneur d'Anvers annonçant le bombardement prochain de la ville. Après de multiples détours, nous approchons d'Anvers: il est près de minuit.

Dans le lointain, retentit le bruit de la canonnade. Petit à petit, les détonations se précisent et quand nous arrivons en face de la ville, sur la rive gauche du fleuve, le sifflement des obus est parfaitement perceptible, mais il est impossible de se rendre compte de l'endroit où ils tombent.

Tout à coup, une explosion formidable se produit, une grande gerbe de feu jaillit et la silhouette de la ville se détache sur l'horizon embrasé.

Nous traversons l'Escaut sur un pont de bateaux, et, en arrivant sur l'autre rive, nous apprenons que la garde civique est licenciée définitivement: demain, nous devons re- mettre nos armes et on nous engage à détruire notre uniforme.

On serre une dernière fois la main des camarades et on se quitte pour aller chacun vers sa demeure.

J'habite du côté d'où partent les coups: j'ignore toujours si les bombes atteignent la ville. Des éclats de verre et le sifflement sinistre des obus me renseignent promptement à cet égard: un bon tiers de l'agglomération est certainement dans le rayon de tir des Allemands.

Ma maison d'habitation est du cols le plus exposé; un moment, j'hésite à m'y rendre: celle où se trouve mon bureau est mieux située et a, de plus, des caves profondes, ce qui n'est pas le cas chez moi.

Mais à quoi bon? Il est une heure du matin, je suis fatigué et mon lit m'attire malgré les obus. Du reste, je dois quitter mon uniforme. J'opte pour mon logis.

En y arrivant, je constate qu'un robinet laissé ouvert par mégarde a inondé tout le bas de mon Habitation. Il n'y a pas à hésiter: je suis seul à la maison, je vais la quitter pour revenir Dieu sait quand! Je ne puis la laisser dans cet état.

Alors, trois heures durant, en pleine nuit, tandis que les bombes passent en sifflant par- dessus le toit, je reloquette, je reloquette (sécher avec un linge), jusqu'à ce que tout soit bien sec.

Cette nuit de reloquetage sous les bombes, je rie l'oublierai jamais!

Harassé de fatigue, je me couche: une heure après, les détonations me réveillent. Je m'habille, prends quelques papiers, quelques biioux, je ferme l'eau, le gaz, l'électricité, et je dis adieu à ma chère maison. Dans quel état la retrouverai-je?

Il ne me reste qu'une chose à faire: remettre mes armes et quitter la ville au plus tôt, de peur d'être fait prisonnier par les Allemands, qui possèdent la liste complète des gardes civiques anversois.

L'aspect de la ville est désolant.

De toutes parts, les habitants quittent hâtivement leur habitation, un paquet de hardes sur le dos, des enfants à la main, longeant furtivement les maisons du côté le moins exposé.

Pendant ce temps, les détonations retentissent: le sifflement des obus se rapproche, et là, en face, un projectile s'abat sur une maison: un petit nuage s'élève, les rideaux flambent, une femme se précipite pour éteindre l'incendie commençant; un homme l'arrête.

Je continue ma route. Ici, un trou dans les pavés; là, une maison a brûlé de bas en haut: pas de victimes, elle était vide.

J'arrive enfin à l'État-Major; je remets mes armes. Un ami me confie le mot de passe qui va me permettre d'emprunter le pont de bateaux pour traverser le fleuve dans la direction de Gand.

Ce pont et ses abords sont hors d'atteinte des obus allemands, et heureusement, car la foule est tellement compacte qu'un seul projectile ferait d'innombrables victimes.

Je traverse le pont et je me dirige à pied — faute de train — vers Saint-Nicolas, dans la direction de Gand.

Toute la route est couverte de civils fugitifs, de militaires de toutes armes et de tous grades, de blessés à moitié guéris, évacués des hôpitaux d'Anvers et marchant clopin- clopant, de voitures, de fourgons, d'autos et de véhicules de tous genres.

Spectacle magnifique et lamentable à la fois de toute une population fuyant les horreurs de la guerre, mais fuyant plus encore le joug de l'Allemand détesté.

Je me rappelle avoir côtoyé de braves paysans poussant une brouette chargée de hardes sur lesquelles reposait un bébé blond et rosé, dormant paisiblement au milieu du fracas des chariots et du grondement du canon. Pauvres geris! Où sont-ils actuellement? Leur beau bébé est-il encore frais et rosé, ou bien la hideuse misère a-t-elle flétri l'éclat de son teint? De toutes les horreurs de la guerre, celle-ci m'a paru la plus poignante: celle qui atteint les petits enfants.

Rencontre de deux blessés: nous faisons route ensemble jusqu'à Saint-Nicolas, où un repas sommaire nous restaure.

Je ne sais pourquoi, je ne me sens pas encore en sécurité à Saint-Nicolas: un pressentiment m'avertit de ne pas m'y attarder. Bien m'en a pris de le suivre, car, peu après mon départ, les Allemands coupent la route vers Gand, par une pointe vers Lokeren.

Décidé à quitter Saint-Nicolas, je me mets en quête d'un vélo: il n'y en a pas. D'autos et de voitures, pas davantage. Les trains sont réservés aux militaires. Que faire? Il m'est impossible de marcher encore: j'ai les pieds en sang.

Enfin, je découvre un roulier qui doit aller la nuit à Gand. Le départ étant fixé à six heures, j'en profite pour me reposer un peu.

A mon réveil, je trouve la population affolée: le pont de Lokeren a sauté et la chaussée de Gand est coupée.

Indécis, j'entre dans la gare; je me faufile sur les quais: un interminable train, bondé de civils et de militaires, est en partance; les toitures mêmes sont couvertes de grappes humaines. Un coup de sifflet retentit, le convoi s'ébranle. Je m'élance: un soldat me tend la main et m'aide à grimper sur la toiture, où je me case tant bien que mal.

On avance lentement; la locomotive crache des nuages de suie. Au bout de quelque temps, le convoi s'arrête en plein champ; la nuit tombe; dans le lointain l'horizon rougeoie et s'éclaire de lueurs sinistres. C'est Anvers qui brûle! Malheureuse ville! Le moment est poignant: la rumeur circule parmi les soldats que les Allemands ont coupé la voie. Pauvres gens, auraient-ils combattu si longtemps pour se faire prendre ainsi obscurément et en fugitifs?

Mais non, le train se remet en marche, et la tranquillité renaît.

Tout le monde est harassé de fatigue et d'émotion. Nous nous allongeons et, par des miracles d'équilibre, serrés bien fort les uns contre les autres pour ne pas avoir froid, nous dormons, tandis que le train cahotant et soufflant marche avec lenteur.

Il est minuit. Nous arrivons à Selzaete, près de Gand, hors de l'atteinte des Boches. C'est le salut. La retraite s'est bien passée: le chemin de la France est ouvert!

Hubert Mansion

 

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